Je sais pas pourquoi, lorsque je pense à la mort de James, je pense tout de suite à Caro et Bruno.
Bruno, c'est celui qui était avec moi lorsque je me suis fait agressé. C’est celui qui à assisté à la scène impuissant sans pouvoir rien faire, sans pouvoir réagir.
Bruno, a eu aucune séquelle ... physique, il n'a donc pas eu aucun crédit. Lorsque nous sommes revenus au bureau, j'avais les cicatrices pour parler de mes sentiments, pour qu'on m'accoste, qu'on me comble de gentillesse et qu'on me réconforte. Qu’on me laisse le temps de guérir.
Bruno, quant à lui, n'avait rien de tout ça. Certaines personnes l'ont encouragé, mais il a souffert en silence, incompris en quelque sorte. Heureusement, il avait l'encouragement de Caro, cette collègue de travail avec laquelle j'étais souvent à couteau tiré.
Elle était au Liban quand j'ai été agressé et lorsqu’elle l’a appris, ça l’a bouleversé ... ça lui a fait comprendre qu'elle tenait à Bruno ... et c'est positif leur truc car ils sont maintenant des gentils petits parents.
Le moins cool c'est que je ne leur ai jamais reparlé de tout ça, on n’a jamais crevé l'abcès ... d'ailleurs j'espère que je me trompe sur un point et que mon imagination est dans le champ car ce serait poche en cliss ! J’ai tenté de le faire avec Bruno, de jaser, de lui en reparler… mais j’en étais incapable … j’étais nombriliste je crois. Et aujourd'hui, je ne vois pas l'intérêt de les recontacter... presque 4 ans ont passés, à quoi bon revenir là dessus.
Mais bon, revenons à James. Comme Bruno, James se sentait seul, personne ne comprenait ce qu'il vivait. Comment peut-on comprendre la douleur d'un homme qui se drogue. Qui "pawn" ses trucs, son ordinateur ... pour pouvoir payer ses consommations ?
Selon les commentaires des gens, il était tout simplement irresponsable. Puisqu'il n'a aucune séquelle physique. Il est impossible de pouvoir compatir avec lui ! On est tous un petit peu Thomas, faut le voir pour le croire.
James c'est pendu. Comme dernier recours, il avait demandé à ma tante de le reprendre pour quelques jours. Ma tante n'a posé qu'une question : "Ma vie est elle en danger ?". James a répondu qu'effectivement il se pouvait qu'elle le soit. Ma tante à refusé. Sentant qu'il n'avait plus l'appuie de personne, James a mis fin à ses jours.
Je n'avais jamais vécu un suicide de ma vie. J'ai vu des gens près de moi en vivre ... j'ai vu des gens de l'entourage du suicidé souffrir, mais je ne l'ai jamais senti d'aussi près. Jamais je n'avais ressenti la douleur de voir quelqu'un être assez découragé pour s'enlever la vie.
Depuis que j'ai jasé avec la mort, j'ai pris goût à la vie. Je ne juge pas ceux qui se l’enlèvent, loin de là, je ne comprends juste pas.
Je me suis d'ailleurs engueulé ma mère au sujet de la mort de mon oncle.
Selon elle, la seule fautive dans l'histoire c'est la dope, la maudite dope. Elle espère même que mon frère aura compris le message.
Primo, mon frère ne prend ni crack, ni coke. Deusio, il n'a pas de délires psychotiques. Tertio, il n'a pas à ma connaissance de pushers qui lui court après.
Je ne peux pas croire qu'on puisse perdre la raison à ce point.
C'est exactement comme l'homme qui dit battre sa femme à cause de l'alcool et que c'est n'est pas de sa faute. Il jette tout le blâme sur l'alcool.
De mettre la faute sur une béquille, quelle qu'elle soit, est selon moi une imbécillité de première classe. Je sais, je sais qu'il existe des cas d'exception, mais c'est difficile pour moi d'accepter que quelqu'un puisse décider de changer son destin.
J'ai toujours affirmé haut et fort que le suicide c'était pour les poules mouillées, qu'il fallait manquer de courage pour le faire. On m'avait dit que je devais le vivre pour comprendre.
Et bien, vous savez quoi, je suis incapable de traiter James de poule mouillée ou de lui en vouloir ... alors ils avaient peut-être raison ... il faut le vivre pour comprendre ...
Alors, je vais vivre ... à fond et sûrement qu'à la fin de mes jours, lorsque je reverrai le film de ma vie je comprendrai ....
PS : Je pense à tout mes amis qui ont perdu un être cher, mais spécialement à Marie Christine, en ce moment précis, je pense à elle. Je ne comprenais pas ce qu'elle ressentait d’avoir perdu cet être cher … je ne comprenais pas ses réactions … maintenant, la souffrance m’éclaire sur plein de trucs … sincèrement, je suis de tout cœur avec eux.